Les molécules toxiques à éviter

Les composés indésirables ne sont pas rares dans les cosmétiques.
Ces fiches reprennent les noms de ceux qui nous paraissent les plus problématiques dans l’état actuel des connaissances scientifiques.
Pour chacun, vous pourrez repérer le niveau de risque selon que l’utilisateur est une femme enceinte ou un tout-petit, un enfant – susceptible d’être plus sensible aux composés irritants notamment –, un adolescent ou un adulte. Les perturbateurs endocriniens sont particulièrement à bannir pour certaines populations, telles que femmes enceintes, tout-petits et adolescents.
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1. BHA
molécules toxiques
Heureusement, le Butylated Hydroxyanisole Antioxydant plus connu sous le nom de BHA, se fait rare dans les produits cosmétiques. Non seulement il est classé « cancérogène possible  » par le Centre international de recherche contre le cancer (Circ), mais il fait partie des substances proposées par la France à la Commission européenne pour une évaluation précise d’urgence de ses propriétés toxiques. Il serait en effet à la fois toxique pour la reproduction et perturbateur endocrinien.
Bon à savoir: certains produits vendus sans ordonnance ont le statut de médicament (Mitosyl, par exemple). Le BHA est alors nommé Butylhydroxyanisole.

2. BUTYLPARABEN, PROPYLPARABEN, SODIUM BUTYLPARABEN, SODIUM PROPYLPARABEN, POTASSIUM BUTYLPARABEN, POTASSIUM PROPYLPARABEN
molécules toxiques
Ah, les parabens !
Que de slogans plus blancs que blancs ont-ils fait fleurir sur les emballages !
Se revendiquer comme « sans parabens » semble être devenu le passage obligé pour vendre un cosmétique ou un produit d’hygiène.
Quitte à remplacer ces conservateurs par d’autres pas très nets non plus, comme la methylisothiazolinone.
En réalité, tous les membres de cette famille ne sont pas à mettre dans le même panier : ceux à courte chaîne, ethylparaben et methylparaben (et les composés qui contiennent ce nom, comme sodium ethylparaben) ont été blanchis par les experts français et européens.

À l’inverse, les plus dangereux (isobutyl, isopropyl, benzyl, pentyl, phenylparaben) sont interdits depuis 2014.
Mais le butylparaben et le propylparaben restent autorisés (ainsi que les ingrédients dont le nom composé accole un de ces mots à « sodium » ou « potassium ») alors qu’ils sont considérés comme perturbateurs endocriniens.
Un moyen mnémotechnique pour s’en souvenir ? : Ceux qui commencent par P ou B ne sont « Pas Bons » !
Pourtant, on en trouve encore, y compris dans des références destinées aux tout-petits, comme certaines lingettes. Aux enfants (quelques dentifrices), ou encore à la sphère génitale. Concernant les moins de 3 ans, propyl et butylparaben sont interdits dans les produit non rincés destinés à être utilisés dans la zone du siège (nettoyants, lingettes, crèmes). Mais on en trouve dans des lingettes supposées être utilisées sur le visage ou les mains…
Bon à savoir: certains produits ont le statut de médicament, même s’ils se rapprochent des cosmétiques. C’est le cas de certains dentifrices ou crèmes. Le propylparaben est alors appelé parahydroxybenzoate (ou p-hydroxybenzoate) de propyle, pour le sodium propylparaben, on ajoute « sodique ».

3. ETHYLHEXYL METHOXYCINNAMATE
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Également appelé octyl methoxycinnamate (mais pas sur les étiquettes, qui doivent respecter une nomenclature bien précise). Ce filtre anti-UV n’est pas réservé aux produits solaires.
On le trouve dans certaines crèmes de jour ou fonds de teint, même sans indication d’une protection contre les ultraviolets. Les recherches sur cet ingrédient ont démontré in vivo une perturbation des œstrogènes et de la fonction thyroïdienne.
Malgré tout, il est assez souvent utilisé, y compris dans des produits « sensibles » comme les sticks pour les lèvres. Produit parfois appliqué quotidiennement et restant longtemps en contact avec les muqueuses. Dont de petites quantités peuvent être avalées – ou dans des gammes dont le marketing insiste sur l’absence de parabens et autres composés connus du grand public pour leur toxicité.

4. TRICLOSAN
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Ce puissant agent antibactérien était encore largement employé il y a quelques années. Depuis, il a été montré qu’il est perturbateur endocrinien à plus d’un titre. En effet, il agirait non seulement sur les hormones œstrogènes, mais aussi sur la fonction thyroïdienne. Double peine au sujet de laquelle quelques grandes marques, heureusement de plus en plus rares, préfèrent se voiler la face.

5. BENZOPHENONE-1, BENZOPHENONE-3
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Responsables d’un trop grand nombre d’allergies, ces filtres anti-UV ne sont a priori plus inclus dans les crèmes solaires.
Ainsi, lors d’une expérience visant à mesurer le pouvoir allergisant de différents composés après exposition au soleil, la benzophenone-3 a provoqué une réaction chez plus d’un quart des sujets.

Par ailleurs, elle est classée perturbateur endocrinien sur la base d’une faible activité œstrogénique in vitro. En 2011, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a émis un avis visant à limiter l’utilisation de benzophenone-3 dans les produits cosmétiques.
Parfois, elle n’est pas employée pour protéger des UV l’utilisateur, mais plutôt la formule elle-même, car lorsque le flacon est transparent, celle-ci peut souffrir de l’exposition au soleil.
On ne saurait trop suggérer aux industriels d’opter pour des flacons opaques ou de changer de protecteur de formule… et aux adolescentes d’éviter les vernis contenant de la benzophenone.
Notez que la benzophenone-4 est utilisée dans certains produits à rincer ou non. Même si l’on est tenté de lui imaginer un profil toxicologique peu différent de celui de ses congénères 1 et 3, elle n’est pas classée perturbateur endocrinien dans l’état actuel de la science.
C’est en 2021 que le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) a publié son opinion finale sur la sécurité de la benzophenone-3 (utilisée en tant que filtre UV).
Les experts y concluent que l’ingrédient n’est pas sûr à sa concentration actuelle et recommandent d’abaisser la limite.

6. OCTOCRYLÈNE
molécules toxiques
L’octocrylène est aujourd’hui mis en cause à la suite de travaux d’une équipe de chercheurs français (Centre national de la recherche scientifique et Sorbonne Université) et américains publiés en 2021.
Ils ont démontré que l’octocrylène se dégrade avec le temps et génère de la benzophenone, un composé toxique, dans des proportions qui peuvent représenter un risque pour les consommateurs. Les auteurs préconisent son interdiction.

7. HOMOSALATE
HOMOSALATE
Suite à l’appel à données lancé en 2019 par la Commission européenne sur 14 substances suspectées d’effet perturbateur endocrinien (dont fait partie l’homosalate), le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) publie son opinion finale en 2021. Les experts y concluent que l’ingrédient n’est pas sûr à sa concentration alors en vigueur (10 % maximum) et proposent de fixer un nouveau seuil à 0,5 %. Mais il subsiste un doute sur la réalité de l’efficacité anti-UV à cette concentration (l’homosalate est un filtre peu puissant).
Ce n’est qu’en avril 2022 que son sort est scellé avec la décision de la Commission européenne de circonscrire son utilisation aux seuls produits pour le visage et à la concentration maximale de 7,34 %. Dès lors, comment justifier sa présence dans des crèmes solaires ?

8. CYCLOPENTASILOXANE, CYCLOTETRASILOXANE, CYCLOMETHICONE
CYCLOPENTASILOXANE
Cyclopentasiloxane et cyclotetrasiloxane ont montré des propriétés de perturbation endocrinienne. Par ailleurs, le cyclotetrasiloxane est classé toxique pour la reproduction, il est donc à éviter en lui-même.
En outre, des traces de ce dernier peuvent « polluer » le cyclopentasiloxane.
Enfin, un avis publié en avril 2015 par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, groupe d’experts de la Commission européenne chargé d’évaluer les cosmétiques, a mis en lumière un risque en cas d’inhalation : aérosols, sprays, poudres, etc., devraient éviter ces composés.
Quant à la cyclomethicone, elle est en partie constituée de ces deux autres ingrédients.

9. ACIDE SALICYLIQUE
ACIDE SALICYLIQUE
L’acide salicylique est un ingrédient aux multiples propriétés : présent dans les shampooings, il sert de conservateur, d’antipelliculaire, d’agent de protection et de soin des cheveux ; dans les nettoyants pour le visage, il peut être exfoliant et anti-acné. Dans les soins du visage, il agirait en lissant le grain de peau et permettrait de masquer rougeurs et imperfections.
Malgré ses prétendues vertus, c’est un ingrédient à surveiller.
Une équipe de chercheurs danoise vient en effet d’établir qu’il existait de solides preuves scientifiques d’un effet perturbateur endocrinien pour l’acide salicylique au même titre que 8 autres substances. Ils décrivent des effets modérés sur la diminution de la testostérone et anti-androgéniques ainsi que sur la spermatogenèse.
Réexaminé en 2018 par le CSSC (Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs), groupe d’experts de la Commission européenne chargé d’évaluer la sécurité des ingrédients cosmétiques, l’acide salicylique est jugé sûr aux limites actuelles de concentration prévues par la réglementation.
Mais le CSSC indique avoir conscience que d’autres investigations sont en cours sur des propriétés de perturbation endocrinienne… Affaire à suivre, donc.

10. BUTYLPHENYL METHYLPROPIONAL
BUTYLPHENYL
Aussi appelé lilial ou BMHCA, le butylphenyl methylpropional est l’un des 26 allergènes à déclaration obligatoire dès une certaine concentration sur les étiquettes des produits cosmétiques. Mais cet ingrédient de parfum a un autre défaut : il serait toxique pour la reproduction et jugé non sûr pour une utilisation dans les produits cosmétiques.
C’est ce que le Comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) en charge de son évaluation avait conclu en 2015 et vient de confirmer en décembre 2017 après l’adoption d’un nouvel avis : « le CSSC estime que la potentielle génotoxicité du BMHCA ne peut pas être exclue. De ce fait, le CSSC ne peut pas émettre de conclusion sur la sécurité du BMHCA ».

11. BHT
BHT
Cet agent antioxydant permet d’éviter l’oxydation des formules, notamment de la phase grasse des émulsions, susceptible de rancir.
Il est assez fréquemment utilisé, en particulier pour remplacer le BHA, décrié du fait de ses multiples potentialités toxiques (voir BHA ci-dessus).
Malheureusement, comme le souligne l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), ces deux composés sont de proches parents et « leurs usages aussi bien que les préoccupations à leur sujet sont très similaires ».
Le BHT semble être un perturbateur endocrinien.
L’Anses a donc saisi les autorités européennes pour que soient réévalués ses effets sur le système hormonal, la reproduction, ainsi que son éventuelle action cancérogène.

12. METHYLISOTHIAZOLINONE (MIT), METHYLCHLOROISOTHIAZOLINONE (MCIT)
METHYLISOTHIAZOLINONE
Allergène de l’année !
C’est la peu enviable distinction reçue en 2013 par la methylisothiazolinone (MIT). Une société savante de dermatologues américains (American contact dermatitis society) désigne ainsi chaque année l’ingrédient qui a fait le plus de dégâts chez les patients.
Methylisothiazolinone (MIT) et methylchloroisothiazolinone (MCIT) restaient jusqu’à une date récente relativement discrètes, mais la mise en cause des parabens a incité trop d’industriels à les remettre au goût du jour, au grand dam des allergologues et dermatologues. Les autorités de santé se sont penchées sur la question et ont interdit le mélange MCIT-MIT dans les produits sans rinçage à compter d’avril 2016. Puis la MIT seule a, à son tour, été proscrite dans ces mêmes produits : à partir du 12 février 2017, aucun cosmétique sans rinçage en contenant ne doit subsister en rayon.
Rincées ou non, fuyez les références qui en contiennent, même si elles affichent des mentions trompeuses telles que «peau sensible», «hypoallergénique» ou «testé dermatologiquement».

13. RÉSORCINOL
RESORCINOL
Colorant très largement employé dans les teintures capillaires permanentes, mais également dans certaines colorations pour la barbe.
Réexaminé en 2013 par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC), groupe d’experts de la Commission européenne chargé d’évaluer la sécurité des ingrédients cosmétiques, le résorcinol (ou résorcine) a été classé « sensibilisant fort ».
Cela signifie qu’il est fortement susceptible de déclencher une réaction allergique et qu’il doit être évité chez les personnes les plus sensibles. Mais ce n’est pas son unique défaut car les recherches sur cet ingrédient ont démontré in vivo des effets de perturbation hormonale.

14. COLORANTS SENSIBILISANTS EXTRÊMES ET FORTS
COLORANTS
Ceux ci sont surtout utilisés dans les colorations capillaires. Chacun d’entre eux a été considéré comme allergène extrême ou fort par le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) de la Commission européenne, dans un avis paru en 2013. Le plus fréquemment utilisé est la paraphenylenediamine. Dans un avis publié un an auparavant, le comité écrivait : « Il a été démontré que la p-Phenylenediamine est un allergène de contact très puissant chez l’animal, c’est aussi un allergène fréquent chez l’homme qui peut engendrer des réactions graves. C’est un sensibilisant extrêmement fort, qui fait partie des tests de routine [pour déterminer la cause d’une réaction allergique, ndlr].
Son utilisation dans les teintures capillaires demeure une préoccupation considérable en termes de sécurité des consommateurs. »
Nombre de cas d’eczéma ont été rapportés chez des utilisateurs et des coiffeurs.
À noter que la p-Phenylenediamine peut aussi se retrouver dans les tatouages éphémères.

15. COLORANTS SENSIBILISANTS MODÉRÉS ET POTENTIELS
COLORANTS
En 2013, le groupe d’experts de la Commission européenne a classé une soixantaine de colorants utilisés notamment dans les colorations capillaires selon leur potentiel allergisant. Les substances ci-dessus n’ont pas été considérées comme les plus à risque mais, selon les études passées au crible par les experts, des réactions allergiques peuvent tout de même survenir.
À éviter en particulier si vous avez un terrain allergique et bien entendu chez les plus jeunes.
De toute façon, les colorations capillaires ne sont pas censées être utilisées avant 16 ans.

16. LES 26 AUTRES ALLERGÈNES
Les substances allergènes proviennent principalement des parfums incorporés dans les formules pour les rendre plus plaisantes. Mais présence de parfum n’est pas forcément synonyme de présence d’allergènes, et le contraire n’est pas vrai non plus. On trouve des allergènes notamment dans les conservateurs, c’est par exemple le cas du benzyl alcohol. Les molécules susceptibles de provoquer une réaction allergique sont extrêmement nombreuses, mais les 26 qui en provoquent le plus sont obligatoirement étiquetées dès lors qu’elles sont présentes à hauteur de plus de 0,001 % (10 ppm ou mg/kg) dans les produits non rincés et 0,01 % (100 ppm) dans ceux qui sont rincés. Cette liste pourrait évoluer à l’avenir. Les allergènes sont indiqués en fin de liste d’ingrédients, ils sont très fréquents dans tous types de produits. Les mentions rassurantes du type « testé sous contrôle dermatologique », « hypoallergénique » et autres « peaux sensibles » ne garantissent en rien l’absence d’allergènes.
Tous les produits contenant des allergènes sont particulièrement déconseillés chez les tout-petits et les personnes ayant un terrain allergique.

→ Comment les repérer ?
Voici les noms qu’il faut traquer sur les listes d’ingrédients :
– Alpha-Isomethyl ionone
– Amyl cinnamal
– Amylcinnamyl alcohol
– Anise alcohol
– Benzyl alcohol
– Benzyl benzoate
– Benzyl cinnamate
– Benzyl salicylate
– Cinnamal
– Cinnamyl alcohol
– Citral
– Citronellol
– Coumarin
– Eugenol
– Evernia furfuracea extract
– Evernia prunastri extract
– Farnesol
– Geraniol
– Hexyl cinnamal
– Hydroxycitronellal
– Hydroxyisohexyl 3-Cyclohexene carboxaldehyde
– Isoeugenol
– Limonene
– Linalool
– Majantol
– Methyl 2-Octynoate

17. PHENOXYETHANOL
PHENOXYETHANOL
Tous les produits contenant du phenoxyéthanol sont notés « rouge » pour les femmes enceintes et les tout-petits pour tenir compte de la nocivité de ce conservateur chez ces derniers. Les femmes enceintes, elles, semblent pouvoir l’utiliser sans risque. Ce conservateur a été réévalué par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en 2012.
Elle l’a jugé hématotoxique et hépatotoxique (toxique pour le sang et le foie). Compte tenu d’une concentration de 1 % dans les produits, de l’absorption cutanée et de la dose sans effet, l’agence a posé des limites pour les enfants de moins de 3 ans.
Selon elle, le phenoxyethanol ne devrait pas être employé dans les cosmétiques destinés au siège, qu’ils se rincent ou non : ces produits étant les plus fréquemment et abondamment utilisés, une absorption excessive de phenoxyethanol par la peau serait à craindre. Pour les autres cosmétiques destinés aux tout-petits, sa concentration devrait être limitée à 0,4 %. Malheureusement, comme toutes les agences, l’ANSM n’a qu’un pouvoir, celui de donner son avis.
Si aucun texte réglementaire ne le reprend, les industriels peuvent tout à fait l’ignorer. Ils sont d’autant plus enclins à le faire que le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, sous l’égide de la Commission européenne, a récemment jugé, de son côté, que cet ingrédient était sûr pour tous les utilisateurs quel que soit leur âge.
Interrogée, l’ANSM nous dit maintenir sa position.

18. SODIUM LAURYL SULFATE, AMMONIUM LAURYL SULFATE
SODIUM
Essentiellement exploité comme tensioactif (qui permet aux corps gras de la formule de se disperser dans l’eau), le sodium lauryl sulfate est un irritant bien connu, les scientifiques le savent depuis des décennies. Il n’est qu’à compulser leurs publications pour s’en convaincre : ici on le désigne comme « l’irritant standard », là, on introduit le propos par « le sodium lauryl sulfate (SLS), un tensioactif fréquemment utilisé pour induire expérimentalement des dermatites de contact »…
Son proche parent, l’ammonium lauryl sulfate (ALS), n’est pas en reste : lorsqu’on l’applique en grande quantité, il se révèle « hautement irritant ».
Seul un rinçage très soigneux peut limiter les dégâts. Ces ingrédients sont tout de même présents dans un très grand nombre de références. Mais ce sont le plus souvent des produits rincés, les doses ne sont pas forcément très élevées et certains consommateurs les supportent bien.
Chez d’autres, en revanche, les produits lavants laissent la peau inconfortable et les dentifrices provoquent des aphtes. Les industriels devraient au minimum les éliminer des produits pour enfants et de ceux destinés aux zones intimes, mais aussi s’abstenir d’apposer des allégations liées à la douceur lorsqu’ils utilisent ces ingrédients.

19. DIOXYDE DE TITANE
DIOXYDE_TITANE
C’est officiel, le 17 mars 2019 a été prononcée l’interdiction de l’additif E171 dans les denrées alimentaires, pour prise d’effet dès le 1er janvier 2020. Cet additif qui n’est autre que le dioxyde de titane inquiète car il est susceptible d’être présent sous forme nanoparticulaire, une taille infime qui lui confère des propriétés particulières et soulève des questions quant à sa toxicité. Une étude réalisée par l’Inra (Institut national de recherche agronomique) en 2016 laissait en effet craindre une cancérogénicité du dioxyde de titane « nano » par ingestion, craintes que les industriels n’ont pas réussi à apaiser puisqu’ils n’ont toujours pas fourni les preuves de l’innocuité de cet additif.
Or le dioxyde de titane est aussi utilisé dans les produits cosmétiques, comme colorant dans le maquillage ou filtre anti-UV dans les crèmes solaires, donc sur la peau et non ingéré.
Cependant il est des cas où une fraction pourrait pénétrer l’organisme par voie orale comme dans les dentifrices que les enfants ne recrachent que partiellement ou les baumes à lèvres dont on avale inévitablement une partie. C’est dans ces produits qui sont susceptibles d’être ingérés que nous incitons le consommateur à la prudence.

20. HUILES MINÉRALES ET HYDROCARBURES DE SYNTHÈSE DANS LES PRODUITS POUR LES LÈVRES
Baumes et rouges à lèvres sont des cosmétiques à part puisqu’ils sont susceptibles d’être ingérés. On ne devrait donc pas y retrouver d’ingrédients interdits dans les aliments à cause de leur toxicité. C’est pourtant le cas des huiles minérales et des hydrocarbures de synthèse (1).
Prohibées dans les produits alimentaires, les huiles minérales sont autorisées dans les cosmétiques.
Dans les produits pour les lèvres, elles sont même souvent au cœur de la formule puisqu’on peut en retrouver dans les cires − qui forment la structure du produit et lui donnent la possibilité de former un film sur les lèvres − et les émollients – ajoutés pour conférer un peu de souplesse au stick et qui adoucissent la peau.

Problème, ces huiles sont susceptibles d’engendrer des composés indésirables : les Mosh et les Moah. Les premiers, du moins une partie d’entre eux (2), peuvent s’accumuler dans l’organisme, notamment dans les ganglions lymphatiques et le foie. Ils peuvent y produire des réactions inflammatoires dont on ignore les conséquences exactes. Une étude sur 37 sujets menée en 2014 a montré qu’un quart d’entre eux en hébergeaient plus de 5 g ! Quant aux Moah, ils sont cancérogènes.

→ Comment les repérer ?
Voici les noms qu’il faut traquer sur les listes d’ingrédients des baumes et rouges à lèvres. À noter qu’ils sont absents des produits bio mais pas seulement.
– Cera Microcristallina
– Ceresin
– Hydrogenated Microcrystalline Wax
– Hydrogenated Polyisobutene
– Microcrystalline Wax
– Ozokerite
– Paraffin
– Paraffinum liquidum
– Petrolatum
– Polybutene
– Polyethylene
– Polyisobutene
– Synthetic wax

NOTES
(1) Mineral oil saturated hydrocarbons, ou hydrocarbures d’huiles minérales saturés et Mineral oil aromatic hydrocarbons, hydrocarbures d’huiles minérales aromatiques.
(2) Ceux dont la chaîne carbonée est longue d’au moins 16 carbones et ne dépasse pas 35.

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